Je m’appelle Eric ZONGO, directeur artistique de la Compagnie KOUKA. Habitué à vous faire découvrir des contes imaginaires, aujourd’hui c’est mon histoire que je vais vous raconter, pour la première fois...
Je suis né en Côte d’Ivoire en 1981. Issu d’une famille Burkinabè, je suis retourné vivre dans les années 90 sur la terre de mes ancêtres, celle de mes racines, celle de mon cœur, le Burkina Faso.
Du haut de mes 10 ans, plein de vie et déjà curieux face au monde artistique, je n’imaginais pas encore que des événements douloureux m’attendaient et influenceraient mon chemin vers le futur...
A Ouagadougou, j’ai commencé à fréquenter un centre culturel qui proposait du théâtre et de la danse. Jour après jour, ma passion pour ces arts grandissait. Les ateliers de contes et de chants me rappelaient mes tendres souvenirs d’enfance, les soirées familiales organisées par ma tante Joséphine toujours chaleureuse et joyeuse. Je m’évadais... d’une vie de plus en plus difficile qui finit par me projeter, enfant seul, dans les rues de la grande capitale.
Un jour, alors que je trainais ma peine dans la poussière de la ville, j’ai croisé un jeune garçon, qui devint plus tard mon ami, Boureima. Je l’avais déjà vu. Il passait toujours avec une marionnette, qui prenait vie comme par magie dès qu’il tirait sur les fils. Il proposait des spectacles au chapeau. Admiratif, je me suis lié d’amitié avec lui.
Lorsqu’il découvrit ma situation, il me proposa de m’amener là où il vivait et créait ses marionnettes : l’orphelinat AMPO.
C’est ici que tout commença, et qu’un destin plus lumineux perça l’horizon.
C’est à l’orphelinat que j’ai commencé à me passionner pour les marionnettes. J’ai eu la chance de réussir une audition pour intégrer la troupe de la compagnie de théâtre de marionnettes, dirigée par Issaka DAGANO. Elle m’a ouvert les portes de l’Europe.
Première destination, la Suède.
Curieusement, la peur a pris le dessus sur mon enthousiasme. J’avais tellement peur d’arriver dans ce nouveau monde ! Nous étions tous tétanisés et impressionnés par l’inconnu. C’était incroyable. Imaginez-vous. Je suis passé de ma petite case natale, à des hôtels luxueux dans de grands buildings... J’ai compris à ce moment-là que l’art pouvait m’amener loin. Il m’a donné confiance en moi en me faisant réaliser que sans formation j’avais quand même un peu de talent.
Alors j’ai décidé de me former encore et encore pour me lancer à 100% dans ce domaine. J’ai développé l’art de la danse et j’ai commencé à devenir professeur de danse à l’orphelinat. Sensible à une cause que je ne connaissais que trop bien, je suis devenu éducateur d’enfants de la rue pour l’orphelinat. A mon tour, je tentais d’apporter ce qu’on m’avait un jour donné...
En parallèle j’ai continué à me former :
En 1996 je me suis formé au théâtre et à la danse à l’Espace Culturel Gambidi puis au Ballet National à Ouagadougou en 1997.
Puis un jour, fortifié par tout ce que j’avais vécu et appris, j’ai quitté l’orphelinat, et vécu de mon art. J’ai intégré plusieurs troupes et nous sommes partis en tournées en Afrique et en Europe : Niger, Côte d’Ivoire, Mali, Togo, Suisse, Allemagne, France...
J’ai parcouru le Burkina Faso pour apprendre les spécificités techniques des danses des différentes ethnies du pays. J’ai étudié pendant 6 ans la danse Afro-contemporaine auprès de plusieurs compagnies Burkinabè (Alassane Congo, Salia ni Seydou, Irène Tassembédo). J’ai été initié à la danse des masques et à la danse traditionnelle africaine.
En 2006, j’ai décidé de créer ma propre compagnie : la compagnie Kouka. Je la voulais solide de ses racines comme l’arbre dont elle porte le nom. Je souhaitais à travers elle développer mon art, partager mes valeurs, ma vision de la vie.
En 2012, j’ai porté mon art au-delà de mes frontières et je suis venu m’installer en France. J’ai continué à développer mon art, mais aussi à m’occuper de jeunes en situation précaire au travers d’ateliers.
L’art m’a permis de surmonter les étapes les plus difficiles de ma vie. Et cette force, j’ai décidé de la partager au travers de ma compagnie. La compagnie Kouka s’engage pour de nombreuses causes et défend la solidarité.
Aujourd’hui, je reviens régulièrement sur ma terre d’origine, le Burkina Faso, pour y donner des prestations, organiser des ateliers, avec la Compagnie kouka.
